La perle de Zanzibar
Il était une fois une famille qui adorait les voyages. Le premier fils enchaînait les safaris photographiques, le second agrémentair sa vie de destinations variées, la fille, quant à elle, avait fait le tour du monde et continuait à le découvrir.
Tout ce petit monde grandit, les sacs à dos laissèrent place aux valises, les nuits à la belle étoile au pied du Machu Pichu furent remplacées par des hôtels confortables, et l’aventure céda la place à l’organisation. Mais l’amour des terres inconnues resta le même.
Dès leurs premiers voyages, ma mère et ses frères (oui, il s’agit de ma famille en fait) rapatriaient un petit quelque chose pour ma grand-mère. Les dizaines de petites poupées bariolées trônant dans le salon sont autant d’évocations de pays lointains découverts par leurs yeux émerveillés. Depuis cette époque, les voyages se sont démocratisés, offrant heureusement de nouvelles perspectives pour le marché des souvenirs.
Et puis un jour, alors qu’il frisait les 60 ans, mon oncle programme un voyage en Tanzanie, à Zanzibar… Il est comme ça, mon oncle. Zanzibar… quel nom évoque plus que ça le voyage absolu ? Rien qu’à l’entendre, Zanzibar transporte vers des contrées incroyables, où tous les sens sont étourdis, où tout est nouveau, où tout reste à découvrir…
Peu après cette annonce, ma grand-mère découvre le pays grâce à un reportage télé. Elle y apprend, entre autres, que Zanzibar est réputé pour les perles de cultures qui y sont vendues partout pour une bouchée de pain. Voilà un souvenir plus intéressant qu’une poupée déguisée…
Sauf qu’en Tanzanie en général et à Zanzibar en particulier, il n’est finalement pas si facile de trouver une perle de culture. Entre deux safaris photo et après quelques recherches infructueuses, mon oncle finit par se rendre dans une échoppe pour acquérir LA perle. Et, même dans la boutique, il ne trouva que 2 perles. Malgré tout, LA perle est finalement achetée, placée dans une boîte sur de la mousse, empaquetée avec grands soins et rapportée en France. De retour dans notre beau pays, mon oncle conditionne LA perle pour l’envoyer à ma grand-mère par la Poste. Malgré ses détracteurs, cette institution remplit parfaitement ses fonctions et déposa le paquet dans la boîte aux lettre vendéenne de ma grand-mère. À cet instant, LA perle avait parcouru environ 7500 kilomètres.
Toute contente, ma grand-mère appelle son fils pour le remercier, et tente d’ouvrir le paquet en même temps. (ça y est, vous commencez à voir où je veux en venir ?). Elle ouvre la boîte et n’a pas le temps d’admirer la perle plus de 2 secondes car après avoir traversé un continent, une mer et un pays, la perle tombe, roule et va se loger derrière un buffet (en bois massif recouvert d’une plaque de marbre de 3m de long), entre une latte de parquet et une plinthe.
Voilà.
The end.
Tant de rêves, tant d’attente et de désirs finissants derrière un buffet, je me suis dis qu’il fallait que je vous raconte…
Mais ce qui est le plus fou, c’est que même coincée entre une latte de parquet et une plinthe, même cachée derrière un buffet, cette perle de Zanzibar continue à me faire rêver.