Vous déménagez ? Bon courage !
C’est
une question que les gens aiment poser quand ils vous voient avec un carton
dans une main, une lampe dans l’autre et que vous tenez des clés avec les
dents. Et c’est avec un malin plaisir qu’ils vous demandent « vous
déménagez ? » Nan, je redécore le quartier avec des cartons. Voulez
pas m’aider plutôt ?
Quand
on emménage, il faut le dire, c’est carrément le bordel. Dans les films, quand
les personnages déménagent, ils portent des gros cartons vides (ou plein de
polystyrène). Forcément, ce n’est pas épuisant. Mais dans la vie, les cartons
(même les petits) sont très lourds. Au point de se demander si quelqu’un n’y
aurait pas glissé du plomb. Comme ça, histoire de rigoler.
À
la fatigue physique s’ajoute la fatigue morale : on passe son temps à
chercher les choses dans la tonne de cartons qui peuple l’appartement. Temps
moyen de recherche pour un objet x ou y : 5 minutes avant énervement. Ceci
dit, j’ai remarqué un fait étonnant sur lequel les scientifiques devraient se
pencher dans les plus brefs délais : les objets bougent. Ils changent de
cartons. Tout seuls. À côté, Oudini c’est de la gnognotte. Un objet clairement
identifié dans un carton (alors qu’on cherchait autre chose) se retrouve
automatiquement sous une pile d’autres cartons quand c’est lui qu’on cherche.
Et évidemment, le matin, avant d’aller au travail, le temps moyen de recherche
avant énervement se réduit fortement.
Au-delà
des cartons, le fait de ne pas avoir de cuisine est assez gênant. Peut-être
qu’en plein été ça peut être sympa et donner l’impression d’être au camping
mais 1) On n’est pas en été 2) J’aime pas le camping. Voilà, c’est dit. Et puis
manger dehors à chaque repas, ça finit par coûter très très cher. Nous avons
donc acheté des boîtes de conserves, du taboulé en barquette, du jambon blanc.
On a mangé froid dans nos assiettes en plastiques et puis le lendemain, j’ai
appelé ma maman pour qu’elle me serve un repas chaud qui tient bien au ventre
parce qu’il commence à faire froid. (tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose… http resto du cœur).
Le choix puis le montage de la cuisine était donc un moment très attendu. Après
avoir fait 10 000 plans, nous nous sommes aperçus que nous n’avions pas 10 000
solutions. Nous sommes donc allé chercher notre cuisine chez IKEA. Le type m’a
quasiment arraché une larme quand il nous a appris qu’il fallait 10cm de marge
sous les plaques à induction, et que par conséquent un tiroir de mon
casserolier 80 cm allait être condamné. Naaaaaaaaaaaaannnn !!!! pas mon casserolier
80 cm !!! On peut pas condamner la trappe de visite plutôt ?
(« condamner »… même pour un tiroir, ça me fait frémir) (et puis
qu’est ce que c’est que cette histoire ? Pourquoi on ne me le dit
qu’aujourd’hui ? mon beau casserolier 80 centimètres…)
Nous
voilà donc dans les grandes allées d’IKEA en train de chercher du Faktum
800.70.96 (et surtout pas du Faktum 800.70.69) et du Rationel à tout va.
Évidemment, nous nous sommes gourés, heureusement, la caissière s’en est
aperçue. Le chargement dans la voiture fut problématique, le trajet épique, le
déchargement pas très comique. Les cartons que nous avions vidés et jetés
laissèrent la place à de nouveaux cartons. L’espace dégagé fut aussitôt rempli,
avec effet régime yoyo (plus tu en perds, plus tu en reprends). Le moral en
prend un coup, mais la cuisine est là. Dans des cartons certes, mais là.
Pour
parer cette cuisine des plus beaux atours, j’avais sélectionné de
l’électroménager qui devait nous être livré en 48h. Lors de la commande, nous
avions une super marge par rapport au jour de montage de la cuisine (mon père
venait en renfort nous aider monter la cuisine) le dimanche.
Évidemment, le transporteur, DHL (attention, je cite, mais je ne vais pas leur
faire de la pub !), avait du retard et ils nous informent qu’ils ont les colis mais que la livraison sera
seulement lundi. Donc pour tout encastrer, c’était râpé. Heureusement, B qui
déplacerait des montagnes pour sa chérie (moi) est allé chercher le four et le
lave-vaisselle. Nous laissons le frigo jusqu’au lundi. En déballant les
cartons, horreur, malheur, la porte du lave-vaisselle est complètement
déformée. Pas besoin de faire venir l’inspecteur Colombo, elle s’est pris un
coup. Je dirai même plus, un gros coup. À ce moment précis, j’étais à mi-chemin
entre l’énervement, la rage, la déception, la tristesse et certainement plein
d’autres sentiments peu agréables et pas zen du tout.
Là
où la situation devient cocasse, c’est que le lundi arrive, mais pas notre
frigo. Coup de fil à DHL (Débiles en Hauteur et en Largeur). Le livreur est
venu, il n’a pas sonné au bon appartement, alors il est reparti. (???) Et
pourquoi il n’a pas sonné au bon appartement ? Parce que je suis une
mademoiselle, dont l’abréviation est Melle, et que ce débile profond a cru que
c’était mon prénom. Véridique. Il a donc sonné chez une autre Melle qui n’était
pas là, il a déposé un mot de passage à Mademoiselle Melle et il est
parti !!! Ça ne s’invente pas un truc comme ça, ça m’arrive. À moi. Snif.
Nouveau
coup de fil à DHL (Débiles à Hurler Longtemps). Rendez-vous est pris pour le
lendemain. Le type arrive avec 4 heures de retard (bof, quand on a 4 jours de
retard, on n’est plus à quelques heures près…), seul, sans chariot, pour porter
un frigo de 2mètres et 50 kilos. Le carton d’emballage est abîmé, suspectement
abîmé. Finalement, B regarde par le trou du carton et découvre horreur-malheur
bis, que le frigo est percé. Oui oui, comme avec un pic à glace. Encore une
fois, Colombo peut rester avec sa femme : le frigo a dû tomber sur un
piquet ou quelque chose comme ça. La façade est éventrée. Énervement, déception
et colère proportionnels à la multiplicité de la poisse.
Résumons :
j’ai acheté un four, un lave-vaisselle et un frigo. Le lave-vaisselle a été
livré avec la porte défoncée et le frigo est percé. Et le tout, en retard. Il
paraît qu’il faut prendre ce genre de situation avec philosophie. Hurler un
grand coup, ça compte ?
Votre
reporter de l’extraordinaire a passé de nombreux coups de fils au fournisseur,
à DHL, B. en a fait autant et finalement, nous avons reçu un nouveau frigo et
un nouveau lave-vaisselle hier, en bon état. Heureusement, l’histoire se finit
bien, mais je me voyais déjà chez Julien Courbet, grimée, appeler DHL avec
l’aide de maître Vergès. Parce que là, comme ça, je vous l’ai fait
courte ! J’ai passé sous silence les fois où le livreur est venu et où il
n’a pas voulu emporter le frigo, les fois où il n’est pas venu, la fois où il
est venu et qu’il a emporté le frigo sans rien dire à personne (du coup, j’ai
cru qu’on nous avait volé notre frigo percé)…
Mais
n’oublions pas, un déménagement, c’est un moment JOYEUX ! (c’est ce que
tout le monde m’a dit…)