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Comme à la maison
7 février 2008

Benjamin Biolay – Trash Yéyé

Couverture_Benjamin_Biolay

Il a la moue boudeuse, le sourire rare et ses pochettes d’album entretiennent cette impression de « chanteur dépressif ». Mais ne vous arrêtez pas à ça. Il faudrait des mots spéciaux pour le décrire. Les plus beaux, les plus tristes, les plus doux. Le très charismatique Benjamin Biolay est beaucoup plus qu’un chanteur.

Pour faire les choses dans les formes, commençons par un bref cv, non  exhaustif, loin s’en faut. Benjamin est auteur compositeur et interprète. Cela impose déjà une certaine distance avec tous les pousseurs de chansonnette, semés un peu partout par les majors et les émissions de télé réalité. Au pays des herbes folles, il est le ténébreux chardon.

De nombreux artistes bénéficient de ses talents de compositeur. C’est à lui qu’on doit le retour flamboyant d’Henri Salvador, le sauvetage médiatique d’Elodie Frégé… Mais même sous la lumière éblouissante des projecteurs, il reste un homme d’ombre. C’est sur qu’il y a plus gai, c’est sur qu’il y a plus souriant, c’est sur qu’il y a plus dansant. Benjamin Biolay, c’est pourtant plus que de la mélancolie. C’est le manteau neigeux sur un paysage d’hiver, il sublime le morose, le sombre, le noir d’encre. C’est une nuit d’été pluvieuse, c’est la beauté triste et la souffrance idéalisée. Paroles trash, musiques douces, Benjamin Biolay est un oxymore.  La pureté des mélodies s’entrechoque avec des mots ciselés, aiguisés, taillés pour aller droit au but. Plus inspiré par « les turpitudes et les tourments amoureux » que par l’amour qui roucoule, son album décrit différents déboires sentimentaux. Les mots froids et durs se marient à différents paysages sonores. Des voix cristallines forment les chœurs angéliques d’un enfer interne. Dans une chanson, le remixage de « don’t worry be happy » prend une tournure toute particulière. La voix grave, suave, sensuelle rajoute charme et profondeur à un ensemble déjà extraordinaire.

Si ses interventions dans des médias sont (trop) rares, elles n’en sont que plus un pur régal. On découvre alors que l’homme est drôle. Un humour pince sans rire, bien placé, bien envoyé, bien rythmé. Benjamin Biolay est comme toutes les bonnes choses : rares mais délicieuses. Malgré le succès grandissant, il reste très intimidé par cette sphère qui peut être dévastatrice. Il réprime presque ses sourires, d’autant plus marquants qu’ils affleurent bel et bien sous la fine couche de glace. Regardant souvent par en dessous, il est encore plus saisissant quand il lève le regard, mêlant l’arrogance, l’ assurance… et leurs contraires.
Avec Gainsbourg, la comparaison est presque trop facile : une cigarette comme meilleure compagne,  une femme superbe (Chiara Mastroianni) et le personnage de dandy décalé. Mais l’enfermer dans un personnage, ce n’est pas lui, c’est encore trop réducteur.

Insoumis, son engagement politique est discret mais bien présent. Son cœur porte à gauche, mais s’il devait entrer dans ce monde, ce serait en ayant les poches bien remplies préalablement, pour éloigner les sirènes de la corruption. Il déclare n’être pas totalement contre le téléchargement illégal, les majors empochant 90% du butin sans être capable de protéger son travail. Vu de cette façon, on a envie de télécharger son album pour lui envoyer directement le chèque.

Exigeant dans son travail autant que pour lui-même, il cherche « juste » à être meilleur, à l’heure où la plupart des individus veulent être LE meilleur. Il décline même l’invitation de la Star Academy à participer au jury, préférant son intégrité à un gros chèque et à la médiatisation à grande échelle.

S’il n’est pas un personnage solaire dans le sens commun du terme, il n’en est pas moins une personne autour de laquelle beaucoup de monde gravite, vibrionnant dans sa lumière noire. Talentueux, passionné et mystérieux, Benjamin Biolay est un personnage complexe. S'il rêve d'être John Lennon, le Beatles mort, moi  je rêve de le rencontrer.
Dans cet album, le ténébreux chanteur du désenchantement exprime sans anicroches un spleen fait de désillusions, de déceptions et autres sentiments de tristesse magnifiés.

Benjamin Biolay : guitares, claviers, piano sur tous les titres, clavecin, basse et sifflet, trombone et bugle, programmation, arrangements et directions de cordes de tous les titres.

www.benjaminbiolay.com
http://www.myspace.com/benjaminbiolay

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Commentaires
M
Pas de doutes, il t'a charmée.<br /> Si on ne le connait pas, on a tout de suite envie de découvrir ses albums. Si j'avais son n° de téléphone, je m'empresserais de te le donner pour réaliser ton rêve.<br /> Benjamin (Biolay), appelle Belgarath !! elle pourrait être ta muse.
L
Sublime.. l'écriture.Le style? Super On ne se lasse pas de lire ces commentaires tant c'est agréable et on découvre un garçon plein de charme que je ne connais pas!En tous cas BRAVO
Comme à la maison
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